Le FHAR

Publié le par Charlin

Mais oui je vis encore... J'ai même écrit ces derniers mois deux ou trois petites choses qui mériteraient une petite place ici... Par exemple :

Le FHAR

Cet article est un résumé de l’article de D. ERIBON paru dans D. ERIBON (dir), « Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes », Paris : Larousse, 2003

 

Le FHAR, Front homosexuel d’action révolutionnaire, est une association créée à Paris en 1971 et disparue en 1974.

Les prémices du mouvement remontent à mai 1968 : huit affiches signées « Comité d’action pédérastique révolutionnaire » sont collées sur les murs de la Sorbonne. Puis, plus rien jusqu’en 1970 : un petit groupe de lesbiennes et de gays se réunissent régulièrement. Le 5 mars 1971, ce groupe participe avec le MLF au sabotage d’un meeting anti-avortement. Le 10 mars, toujours avec le MLF, ils perturbent la fameuse émission de radio de Ménie Grégoire sur « l’homosexualité, ce douloureux problème ». Ce jour-là, le groupe se baptise « Front homosexuel d’action révolutionnaire ». Ils se réunissent aux Beaux-Arts. En avril 1971, ils obtiennent quatre pages dans le numéro 12 du journal « Tout » édité par le groupe « mao-spontanéiste » Vive la Révolution.

Voici un extrait : « Adresse à ceux qui se croient « normaux » : Vous êtes individuellement responsables de l’ignoble mutilation que vous nous avez fait en nous reprochant notre désir. (…) Nous disons ici que nous en avons assez et que vous ne nous casserez plus la gueule, parce que nous nous défendrons, que nous pourchasserons votre racisme contre nous jusque dans le langage. (…) Nous ne sommes pas contre les « normaux », mais contre la société « normale ». » Le journal fait l’objet de mesures répressives : exemplaires saisis, militants-vendeurs interpellés, le directeur de la publication (Sartre, qui donnait son nom pour protéger les journaux d’extrême gauche) est poursuivi en justice pour « outrage aux bonnes mœurs » (il sera acquitté). Toujours en 1971, ils éditent une publication intitulée « Rapport contre la normalité », dans laquelle ils évoquent les origines de leur mouvement.

Suite à cette publicité, le groupe grandit jusqu’à plusieurs centaines de personnes. Ils prennent part au défilé du 1er mai, interviennent lors de meetings politiques, dénoncent le discours de pathologisation de l’homosexualité par les psychiatre, et vont jusqu’à se rendre à San Remo pour perturber le Congrès international de sexologie consacré aux « déviations sexuelles ».

Le mouvement est victime de son succès. Certains nouveaux ne s’intéressent pas à la politique et ne viennent que pour faire des rencontres sexuelles. Les femmes se plaignent de la prédominance masculine et s’organisent de manière autonome, sous le nom de Gouines rouges. Le mouvement se délite peu à peu, des petits groupes dissidents se créent, même si les réunions hebdomadaires « officielles » se maintiennent – mais plus pour longtemps. Le mouvement vit en vase clos, ne mène plus d’actions, et finit par s’éteindre en 1974.

Ce mouvement a donc eu une durée de vie très courte, et n’a pas concerné plus de quelques centaines de personnes. Cependant, son influence et l’importance des questions qu’il a soulevées (norme, genre, sexualités, subversion, …), en font un mouvement capital.

 

Note : le film « Ma Saison super 8 » d’Alessandro Avellis (France 2005), que je vous recommande d’ailleurs chaleureusement, évoque sans le nommer de nombreux épisodes du FHAR (« le comité d’action pédérastique révolutionnaire », l’émission de Ménie Grégoire, le défilé du 1er mai, etc)

Publié dans Chroniques variées

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