Capillarité de la gouine moderne

Ma chère meilleure amie et moi, entre deux conversations queer, rimbaldiennes, nietzschéennes ou lynchiennes (1), passons beaucoup de temps à nous lamenter sur nos vies affectives et sexuelles (2), conversations au détour desquelles un thème relatif à notre apparence revient souvent. Or, nous avons constaté que nous n'avons pas cette conversation qu'entre nous, mais quasi avec chaque gouine que nous rencontrons. Non, non, pas les lamentations sur la vie affective et sexuelle (quoique), mais bien... la discussion capillaire !

Il semblerait que la gouine moderne, loin de la bûcheronne sortie des bois à moitié civilisée (3) se pose beaucoup de questions sur son apparence. Il s'agit de faire gouine sans faire cliché, ou alors de faire cliché en réinterprétant le cliché, ou alors de réveiller les gaydars sans faire gouine, enfin bref, beaucoup de questions métaphysiques sous-jacentes. Enfin. Moi je me les pose et j'aime à penser qu'elles se les posent, mais peut-être que j'extrapole un peu trop. Ma susdite chère meilleure amie, appelons-la Hortensia (4), trouve que je me prends trop la tête avec ça. Bref, quittons le vestimentaire et consacrons-nous à un sujet de débat qui fait vraiment l'unanimité dans son statut de sujet de débat : la coupe de cheveux.

La gouine moderne se pose beaucoup de questions sur sa coupe de cheveux. C'est que la gouine moderne, si elle a souvent les cheveux courts, n'a pas une bête coupe courte. Non, la gouine moderne doit faire passer non seulement son sex-appeal dans ses cheveux, mais aussi son identité de gouine, et, a fortiori (5), son identité de gouine moderne. Le cheveu doit être déstructuré, asymétrique, méché... Ha, oui, la mèche ! La fameuse mèche. Qu'elle soit Shane-like ou qu'elle veuille, quand même, être un petit peu plus originale, la mèche est un poncif du genre que la gouine moderne toujours cherche à réinventer. 

Donc, nous avons constaté que la gouine moderne, ayant beaucoup réfléchi à comment faire passer son identité de gouine moderne dans sa coupe de cheveux de manière subtile mais néanmoins non-équivoque, ayant même théorisé son identité capillaire, a beaucoup de choses à dire sur le sujet. Si vous lui parlez de vos ou de ses cheveux, elle partira au quart de tour. Cela fait donc de la discussion capillaire un poncif de la conversation gouine, mais un poncif qu'elles n'ont pas encore assez déconstruit pour réaliser sa nature de poncif. Donc, a priori, c'est un bon sujet de conversation :D



(1) partiellement authentique - quota de références intellectuelles pointues et forfantatoires 
(2) enfin, surtout moi
(3) ceci dit, j'ai une superbe chemise "réinterprétation bûcheronne" qui fait l'unanimité (je suis très réinterprétation dans la vie, j'ai aussi une très jolie chemise "réinterprétation essuie de vaisselle")
(4) Les prénoms ont été changés
(5) quota de locution latine