Du poil ostracisé
C'est l'été ! (Quelle observation judicieuse.) C'est donc le retour des marronniers saisonniers en publicité - produits qu'on nous vante toute l'année mais d'autant plus quand il fait chaud : boissons fraîches, destinations de vacances, déodorants et rasoirs, crèmes dépilatoires et autres épilateurs électriques.
Ce qui m'amène à mon sujet - j'y pensais ce matin en me rasant les jambes, afin d'éviter de choquer les passants avec des mollets poilus découverts par ma jupe. Mais pourquoi donc tant de haine contre le poil ? Contre le poil féminin, plus précisément. Même si le métrosexuel jugule son poil, tout mâle conserve le droit d'exhiber sa pilosité axillaire et jambale, tandis que l'être humain identifié comme féminin ne pourra le faire que sous les regards réprobateurs de la société.
C'est que le poil semble associé à la virilité. A l'exception peut-être de la pilosité intime, qui garde une connotation de nubilité, et dont l'absence totale peut gêner - bien qu'elle soit supposée être "entretenue". Mais les poils sur les jambes et sous les bras ne font pas "féminin", dit-on. Pourtant, à vue de nez, toutes les femmes adultes en sont dotées, même s'ils peuvent être blonds et clairsemés, ils sont là.
Le poil serait inesthétique. Et, pour une raison obscure, le poil serait sale. Chez la femme. Pourquoi sale ? Sous les aisselles, il a la réputation de conserver les odeurs. Mais, si c'est sale chez la femme, est-ce moins sale chez l'homme ? Ou bien une moindre propreté serait-elle mieux acceptée chez lui ? Je suis dubitative. Et en fait, le poil axillaire régule la transpiration. (Et puis, franchement, en les lavant une fois par jour, on n'en arrive pas à des odeurs si désagréables que ça...)
Me voilà donc sur un moteur de recherche bien connu, pour voir. Premier constat : "poil" ne donne rien de bien intéressant dans les vingt premiers résultats, pas plus que "épilation" - il est révélateur de constater que l'épilation est hégémonique, absolument pas remise en question, puisqu'on ne trouve que des pages expliquant comment s'épiler, sans jamais que cette obligation soit objet de débat. Les résultats sont plus convaincants avec "tyrannie épilation"... sauf que, à ma grande surprise, on trouve beaucoup de "épilation... tyrannie du poil" dans ces résultats. Le poil serait tyrannique ? Le corps, qui fait repousser ces poils, serait tyrannique ?
J'abandonne Gogole, qui n'a fait que confirmer ce que j'aurais pu dire toute seule : l'épilation est devenue hégémonique, n'est à peu près pas remise en cause, et les dissidentes sont très mal vues. La faute à qui ? Qui donc a décrété que les aisselles et jambes féminines devaient être glabres, ou non exposées ?
Quant à moi, je ne suis pas plus courageuse qu'une autre et j'avoue, je vous l'ai dit plus tôt, que je succombe à la pression sociale : je cache ou j'épile. Autant dire que, 11 mois sur 12, je n'ai aucune raison d'épiler. Et je m'en porte bien. Même que parfois, je ne porte pas de manches alors que j'ai des poils sous les bras. Et là, j'hésite à lever lesdits bras... Et je ne parle pas de montrer mes jambes poilues, il me semble que c'est encore plus dur.
Ha, c'est difficile, de résister.
Pourquoi résister ?
Parce que le poil est naturel, qu'il protège la peau, participe à la régulation de l'humidité.
Parce que l'épilation est une contrainte genrée, et que les stéréotypes de genre, c'est le mal.
Parce que ça n'a que des inconvénients : temps, douleur, coût...
Parce que les poils qui repoussent sont plus drus, plus noirs, plus piquants que les poils initiaux.
Pour un argumentaire plus argumenté.
Ce qui m'amène à mon sujet - j'y pensais ce matin en me rasant les jambes, afin d'éviter de choquer les passants avec des mollets poilus découverts par ma jupe. Mais pourquoi donc tant de haine contre le poil ? Contre le poil féminin, plus précisément. Même si le métrosexuel jugule son poil, tout mâle conserve le droit d'exhiber sa pilosité axillaire et jambale, tandis que l'être humain identifié comme féminin ne pourra le faire que sous les regards réprobateurs de la société.
C'est que le poil semble associé à la virilité. A l'exception peut-être de la pilosité intime, qui garde une connotation de nubilité, et dont l'absence totale peut gêner - bien qu'elle soit supposée être "entretenue". Mais les poils sur les jambes et sous les bras ne font pas "féminin", dit-on. Pourtant, à vue de nez, toutes les femmes adultes en sont dotées, même s'ils peuvent être blonds et clairsemés, ils sont là.
Le poil serait inesthétique. Et, pour une raison obscure, le poil serait sale. Chez la femme. Pourquoi sale ? Sous les aisselles, il a la réputation de conserver les odeurs. Mais, si c'est sale chez la femme, est-ce moins sale chez l'homme ? Ou bien une moindre propreté serait-elle mieux acceptée chez lui ? Je suis dubitative. Et en fait, le poil axillaire régule la transpiration. (Et puis, franchement, en les lavant une fois par jour, on n'en arrive pas à des odeurs si désagréables que ça...)
Me voilà donc sur un moteur de recherche bien connu, pour voir. Premier constat : "poil" ne donne rien de bien intéressant dans les vingt premiers résultats, pas plus que "épilation" - il est révélateur de constater que l'épilation est hégémonique, absolument pas remise en question, puisqu'on ne trouve que des pages expliquant comment s'épiler, sans jamais que cette obligation soit objet de débat. Les résultats sont plus convaincants avec "tyrannie épilation"... sauf que, à ma grande surprise, on trouve beaucoup de "épilation... tyrannie du poil" dans ces résultats. Le poil serait tyrannique ? Le corps, qui fait repousser ces poils, serait tyrannique ?
J'abandonne Gogole, qui n'a fait que confirmer ce que j'aurais pu dire toute seule : l'épilation est devenue hégémonique, n'est à peu près pas remise en cause, et les dissidentes sont très mal vues. La faute à qui ? Qui donc a décrété que les aisselles et jambes féminines devaient être glabres, ou non exposées ?
Quant à moi, je ne suis pas plus courageuse qu'une autre et j'avoue, je vous l'ai dit plus tôt, que je succombe à la pression sociale : je cache ou j'épile. Autant dire que, 11 mois sur 12, je n'ai aucune raison d'épiler. Et je m'en porte bien. Même que parfois, je ne porte pas de manches alors que j'ai des poils sous les bras. Et là, j'hésite à lever lesdits bras... Et je ne parle pas de montrer mes jambes poilues, il me semble que c'est encore plus dur.
Ha, c'est difficile, de résister.
Pourquoi résister ?
Parce que le poil est naturel, qu'il protège la peau, participe à la régulation de l'humidité.
Parce que l'épilation est une contrainte genrée, et que les stéréotypes de genre, c'est le mal.
Parce que ça n'a que des inconvénients : temps, douleur, coût...
Parce que les poils qui repoussent sont plus drus, plus noirs, plus piquants que les poils initiaux.
Pour un argumentaire plus argumenté.